J62 – 03/09/2010 – 1er jour du trek
Réveil matinal, petit dej’ rapide et on fait la rencontre de notre chauffeur, un Mongol qui ne parle que mongol. Heureusement qu’on a Nasaan, notre super traductrice qui à 20 ans parle déjà 5 langues. A côté, on a l’air ridicule… On quitte Ulan-Baatar par la route principale, une large bande de bitume alternatif (un coup y’en a, un coup y’en a pas).
Moins d’une demi-heure plus tard on s’arrête pour changer un pneu qui vient de crever, ça promet… Notre chauffeur change la roue MD10 (moins de 10 minutes). Nous, c’est le temps qu’il nous faut pour mettre la main sur le manuel qui explique ce qu’est un cric. Vu de l’extérieur la bagnole montée sur ressorts parait presque neuve, mais la série des avaries continue : au cours de l’après midi, c’est la fenêtre arrière qui nous lâche, laissant entrer une vague de sable chaud.
Problème résolu lui aussi rapidement, un bout de ficelle, un nœud et pour maintenir le tout, un tournevis trouvé quelques minutes plus tôt sur la route. Normal. Dès qu’on sort d’Ulan-Baatar on voit des paysages magnifiques, on croise des troupeaux de chameaux, de brebis, de moutons et de chevreaux, paissant en toute liberté.
Les nombreuses pistes qui partent de part et d’autre de la piste principale semblent n’avoir aucun secret pour notre chauffeur. Normal puisque, selon Nasaan, il l’a déjà fait une fois il ya trois mois…
On s’arrête déjeuner près d’un lac de sel
250 km et 6 heures de route plus tard, nous arrivons dans une famille nomade dont le maitre est le gardien des montagnes avoisinantes. On pénètre pour la première fois dans une yourte qui nous surprend par la richesse de son intérieur tapissé, tout confort malgré le peu de mobilier. Après s’être installés, on part voir les ruines d’un antique monastère dissimulé dans les montagnes. Même si ce lieu de culte est abandonné, il reste un lieu de pèlerinage pour les bergers et les nomades.
Signification des couleurs : Bleu pour le ciel, Jaune pour la religion, Blanc pour le lait, Rouge pour le feu, et Vert pour la nature
J63 – 04/09/2010 – 2ème jour du trek
Réveil matinal une fois encore après une nuit bien reposante. C’est qu’on dort bien dans ces tentes locales ! Après le petit dej’, on se brosse les dents sur un tas de cailloux, qui ressemble furieusement (on s’en rendra compte par la suite) à un tertre de prières. On fait profile bas, et on évite de demander confirmation, mais d’un autre côté personne ne nous dit rien, alors bon…
Après quelques heures de route nous entrons dans le désert de Gobi. Les chevaux laissent place aux chameaux et nous atteignons Tsaa-Suvruk, les falaises blanches, qui offrent une vue panoramique sur le désert. Etrangement les mongols ne connaissent pas cet endroit, il est réservé aux touristes. Nous y croisons d’ailleurs un couple de français.
Les falaises blanches, un point de vue superbe sur le Gobi
Après avoir fait un peu connaissance, nous apprenons que, coïncidence, ils prendront le même train que nous en direction de Pékin. Finalement on se retrouve plus tôt que prévu puisque, seconde coïncidence, ils passent la soirée dans le même camp de yourtes que nous.
Soirée mémorable d’ailleurs : les français ont investi le camp et nous ne sommes pas moins de 8, sans compter nos guides respectifs. L’un d’entre eux, un mongol particulièrement échaudé, enchaine les tournées de vodka. Et on fini tous totalement déchirés, torses nus, à danser sur du Joe Dassin qui semble être nettement plus connu en Mongolie qu’en France.
L’arroseur arrosé, ça vous parle ?
J64 – 05/09/2010 – 3ème jour du trek
Réveil difficile, heureusement qu’on ne conduit pas… Notre super chauffeur qui n’a pas touché à l’alcool la veille nous fait passer par la ville ridiculement petite de Datlan-Zatrat, pourtant chef-lieu du désert de Gobi. On passe ensuite l’après-midi dans la réserve naturelle de Iolin-Am, vallée encastrée entre deux montagnes, et au milieu coule une rivière. On y voit des yaks, des chameaux, des chevaux, des rongeurs et des mongols. L’endroit est très joli, c’est le premier cours d’eau qu’on voit en Mongolie.
Iolin-Am, la réserve naturelle de Gobi
J65 – 06/09/2010 – 4ème jour du trek
La veille il commence à pleuvoir, et ça s’intensifie pendant qu’on roule. On s’arrête inopinément chez une famille nomade pour la pause du midi. Personne ne connait personne mais ils nous font un excellent accueil, et on fini même par offrir notre ballon au petit garçon de la famille qui, à 1 an et 2 mois, est déjà un excellent footballeur.
Le soir venu, on initie nos guides à un jeu de carte bien de chez nous : le trou-du-cul ! Et, échange de bons procédés, ils nous apprennent un jeu mongol, le Moschik. Et pour terminer la soirée, un échange culturel musical, où force est de constater que notre niveau est assez limité.
En plein apprentissage des divertissements locaux
J66 – 07/09/2010 – 5ème jour du trek
Aujourd’hui au programme, ballade à dos de chameaux dans le désert de Gobi. Et comme il pleut averse… on y va ! Après avoir admiré les paysages variés du désert, on fini par s’apercevoir que l’eau ça mouille, et que le chameau ça pue.
On dirait pas comme ça, mais à la fin c’est presque douloureux…
On arrive dans un camp de yourte et on découvre avec joie le chauffage central mongol : un poêle. C’est rustique, mais quand ça chauffe, putain, ça chauffe ! Mais ça nous permet de faire sécher toutes nos affaires.
J67 – 08/09/2010 – 6ème jour du trek
Les falaises de sable rouge
Même les mongols les plus robustes sont soumis aux dures lois des mortels. Notre super chauffeur ne fait pas exception. Résultat nous assistons à un spectacle inattendu : le voilà torse nu, un bocal ventousé à l’épaule, soigné par le maître de maison. Il parait que c’est de la médecine traditionnelle. D’ailleurs, pour nous préserver de maux éventuels, le guérisseur nous fait sniffer du tabac. Comme dit le proverbe local « mieux vaut un bon cancer que les bronches encombrées ».
Le Maître de maison, authentique chaman traditionnel. Un petit air de Charles Bronson version Mongole, vous ne trouvez pas ? De notre côté nous en profitons pour partir à la découverte des horizons, et nous tombons nez à nez avec… des empreintes de loups. Et comme on est courageux mais pas téméraires, on s’arme de gourdins pour faire face à la bête.
Les trappeurs amateurs
Finalement, du loup nous ne verrons que les traces. Il a dû fuir à cause de l’odeur. Notre arme fatale : trois jours sans douche. Les loups n’ont qu’à bien s’tenir, non mais…
J68 – 09/09/2010 – 7ème jour du trek
Après une matinée à faire patiner la voiture dans les mares de boue du désert (vous savez, le désert, où l’eau n’apparait normalement qu’en mirage…), on arrive sur le site de l’ancien monastère Hang construit en 1580, et détruit sous Staline, à la faucille et au marteau s’il vous plait…
Résultat on avait dit « visite d’un monastère » mais on ne nous avait pas prévenus qu’il fallait le reconstruire avant de la visiter. Et pour bien finir la journée, fait assez rare pour le mentionner, on se paye une douche sur demande express de Nasaan, notre interprète :
« vous prenez une douche ? »
On a compris par la suite que ce n’était pas une question…
J69 – 10/09/2010 – 8ème jour du trek
Aujourd’hui, nous quittons les contrées désertiques pour la verdoyante vallée d’Orkhon, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous arrivons près de l’Orkhon, rivière qui donne son nom à la vallée, où nous rencontrons des français. Coïncidence qui n’en est pas une car nos chauffeurs se connaissent et travaillent dans la même boite.
Et comme un hasard n’arrive jamais seul, nos compatriotes nous apprennent que le gérant de Nomad Planet (l’agence de voyage) est passé les chercher avec une voiture étrangement familière :
« Vous savez quoi ? il avait une bagnole qui faisait de la pub pour un garage de Neuilly sur Marne ! Ah, bon ? C’était à vous ce gros truc ??»
Comme quoi, même à l’autre bout du monde notre voiture continue à transporter des français !
L’Orkhon, qui donne son nom à la vallée
Nous sommes accueillis par une famille nomade qui nous offre le gîte et le couvert, le tout accompagné d’une bonne dose de Vodka du cru qu’il nous est impossible de refuser, cela pourrait être considéré comme un grave manque de respect. Il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes…
J70 – 11/09/2010 - 9ème jour du trek
Aujourd’hui, notre guide nous annonce que le programme prévoit une journée de repos, on va donc s’arranger pour la remplir de façon constructive : en grands marcheurs que nous sommes, on se prépare pour notre rando mensuelle.
La vallée étant entourée de collines, on décide d’en gravir une pour profiter du panorama, et aussi par ce qu’on est super sportifs (mais ça on le dit pas trop, on n’aime pas se vanter en public…). Et pour augmenter la difficulté, on commence par traverser à gué une rivière.
Il y en a qui ne se préoccupent pas d’avoir les pieds mouillés
Devinette : quatre Hobbits traversent une rivière. Le premier tombe à l’eau, le second tombe à l’eau, le troisième tombe à l’eau. Qui arrive les pieds secs ?
Le décor est à la hauteur de nos attentes, mais la bande-son est à revoir : trop fort les cigales, et c’est sans parler des tronçonneuses !
Pour une fois des clichés qui se passent de commentaire
A notre retour, Nasaan n’ayant plus de quoi nous nourrir pour le soir, on décide de tuer la bête. Après un long supplice de facile 1 minute 30, le mouton choisi au pif pour nous servir de miam-miam succombe et il est aussitôt dépecé et débité en gigot. On illustre à la perfection l‘expression « directement du producteur au consommateur »
Ces photos ont été mélangées. Remettez les dans l’ordre chronologique!
Nos hôtes semblent avoir décidé de nous faire découvrir les traditions locales. Après la mise à mort du mouton, nous avons droit à une initiation au sport national, la lutte mongole, par un grand maître local de 17 ans. Il s’agit du jeune fils de la famille qui va quand même se payer le luxe de tous nous étaler en moins de 10 minutes !
17 ans, 65 kilos tout mouillé, et il nous met à tous la patée… la honte…
Tradition suivante : la cuisine mongole. Après avoir débité le mouton en petits dès, nous nous lançons dans la confection des pains à la viande sous la direction de notre chauffeur. Nous avons ensuite tenté notre chance, mais il s’avère que la maitrise de la technique dite « de la pâte à cinq doigts » est plus difficile qu’il n’y parait.
« Ingeed, ingeed, ingeed » (Comme ca, comme ca, comme ca…)
Nous profitons de la soirée pour découvrir toute la variété de l’art culinaire mongole : le mouton et le lait. En plus de nos fameux beignets au mouton nous avons eu droit aux abats de mouton encore chauds, tout frais sortis de la bête ! Mais on a aussi gouté le thé au lait, le beurre au lait de yak, le lait de jument fermenté (ayrag), le fromage au lait de brebis séché, la viande de mouton séchée… Et pour bien finir on a distillé notre propre vodka (à base de lait, elle aussi…), le tout sur fond de chansons locales chantées par nos hôtes.
J71 – 12/09/2010 - 10ème jour du trek
Cette nuit fut plus agitée. On a compris que des loups rodaient à proximité du camp, car les chiens de la famille les ont bravement repoussés par des aboiements durant toute la nuit…
Mais on est quand même d’attaque pour une nouvelle rando sur le versant opposé de la vallée. On n’est même pas refroidis par la découverte d’une carcasse de poulain bien entamée à quelques dizaines de mètres des yourtes.
On a même trouvé une tanière qui pourrait bien être celle de nos dévoreurs de poulain…
On est également passés par un champs de roches volcaniques.
Sur notre retour de rando, nous salivions déjà à l’idée de déguster un nouveau plat mongol. On nous avait mis en garde contre les affres de la cuisine mongole, mais jusqu’à maintenant, nous avons toujours été agréablement surpris. C’était avant le drame bien entendu. V’la t-y pas qu’on nous sert un bol de graisse de mouton bouillie dont la consistance faisait penser de loin à un bol de glaire, et de près… pareil. Devant notre réticence à entamer notre repas, et sous le regard oppressant de nos hôtes, notre guide nous pose la question fatidique :
« - C’est pas bon ?
- Euh…….on a pas l’habitude de ça, chez nous, on mange solide » *
On se serait cru dans un remake des bronzés font du ski, avec le nomade mongol dans le rôle du paysan montagnard. « Vous savez pas ce qu’ils bouffent !!! » Après cet épisode burlesque, et pour bien digérer, on se prépare pour une ballade à cheval dans les steppes. Le cheval mongol est plus petit que le cheval européen, mais il est très costaud. Celui de Mat est un péteur, c’est là son moindre défaut, mais bon on dirait que ça lui donne la patate : il accélère à chaque fois qu’il lâche un pet, c’est dire s’il va vite ! Celui de Steph sue à trop renifler le popotin de ses copains, celui de Xav traine à l’arrière, et celui de Dav a des petits soucis psychomoteur : il ne peut tourner qu’à droite. Mais le galop dans ces grands espaces restera un de nos meilleurs souvenirs !
Tchou-tchou-tchou, les mots magiques pour faire avancer les poneys. Euh… les chevaux.
Le trek à cheval se clôture par une baignade improvisée dans une cascade naturelle encastrée dans un canyon. L’eau y est fraîche, voire même glace. Mais l’absence chronique de douches rend la baignade d’autant plus appréciable.
Il y a même eu des téméraires pour se baigner dans ces contrées sauvages… et glaciales !
Après avoir rejoint un camp de yourtes pour la nuit, nous improvisons un match de lutte mongole contre Chtimit, notre chauffeur. A quatre contre lui, on devrait bien y arriver !!Mais il se révèle être un excellent lutteur. On finit tous par terre. Quatre contre un, la honte!
Ce guide a décidément tous les talents : il change les roues en un temps record, il répare les fenêtres de la voiture au tournevis, il dépèce le mouton, il cuisine, il assure au poker, il chante bien, il joue de la guitare, et embrouille les militaires. 
Il nous a tous mis à terre! Mais quand même, petite satisfaction, il était un peu fatigué à la fin…
En effet, alors qu’on entamait une tournée de vodka avec le chauffeur d’un autre groupe rencontré sur place, un militaire ridiculement accoutrée entre dans la yourte. Grand silence. Il réclame à nos guides les droits d’entrée dans la réserve naturelle dans laquelle nous nous trouvons. Un joli manège se met alors en place : pendant que Chtimit occupe le militaire à grand renfort de discussion (et de boissons…), Nasaan sort discrètement avec l’autre chauffeur qui va lui prêter ses propres autorisations. Le militaire n’y voit que du feu, ni vu ni connu j’t’embrouille !
J72 – 13/09/2010 - 11ème jour du trek Aujourd’hui on entame notre long trajet vers Ulan-Baatar, hélas c’est déjà le retour. Mais on s’arrête sur le chemin dans le plus grand temple de Mongolie. C’est le site de l’ancienne capitale, haut lieu politique et religieux. On en profite pour en apprendre d’avantage sur la religion bouddhiste, ses rites et ses traditions. On y voit des représentations de génies protecteurs, de Bouddha et de ses disciples, les boddhisattvas.
Et il faut le savoir, la tradition millénaire est catégorique : il faut sortir des temples en moon-walk !
Ce soir, nous profitions de notre dernière nuit en yourte…
J73 – 14/09/2010 - 12ème jour du trek
RAS. C’est la fin du trek, on est tellement dégoutés de rentrer qu’on ne dira rien sur la journée.
Fin du trajet et arrivée à Ulan-Baatar, c’est bientôt le départ pour la Chine.
Merci à eux pour ces moments inoubliables qu’ils nous ont permis de vivre.